Varadero, le paradis touristique abandonné

Tourisme à Cuba : ce qui a changé depuis la pandémie

LA HAVANE, 18 juin  Il y a quelques semaines à peine, on entendait parler russe dans les rues de Varadero. Mais la guerre en Ukraine a fait disparaître les quelques touristes qui arrivaient encore au milieu de cette haute saison qui ne réussit pas à démarrer.

On ne voit plus aujourd’hui que de petits groupes épars de Canadiens ou de Britanniques, et uniquement dans les environs immédiats des hôtels. Le reste de Hicacos a l’air d’une péninsule fantôme.

Des pancartes “Chambre à louer” sont accrochées sur presque toutes les façades et sur la plage, on peut marcher longtemps sans croiser personne. Les chaises en bois des maîtres-nageurs sont vides et aucun des petits bars-restaurants qui vendaient des snacks à consommer sur sa chaise longue en regardant la mer ne travaille. La plage la plus célèbre de Cuba connaît sa troisième année de mauvaise passe.

Il y a d’abord eu la pandémie de Covid-19 qui a fermé les frontières du pays, paralysé le tourisme dans le monde entier et condamné les habitants de Varadero à se réfugier chez eux pour éviter la contagion. Lorsque l’île a rouvert ses portes le 15 novembre et que les premiers vols commerciaux ont atterri, des milliers de personnes ont cru que la péninsule d’Hicacos allait retrouver sa gloire d’antan.

Des slogans inutiles

Mais les jours ont passé et il est devenu évident que les slogans, comme “Cuba, destination sûre” et le retour des avions ne faisaient pas reprendre l’activité. “Lorsque le coronavirus nous a obligés à fermer, nous avions deux monnaies [le peso cubain et le peso ’convertible’, équivalent au dollar], se lamente le conducteur de ma calèche, Alexander :

“Lorsque nous avons rouvert, la Tarea Ordenamiento [réforme économique qui a notamment supprimé le peso convertible] était en vigueur depuis plus d’un an. Depuis, c’est le chaos. On ne peut quasiment plus rien acheter en pesos cubains.”

Lorsqu’un touriste demande à Alexander comment s’appelle son cheval, il répond toujours “Caramelo” [bonbon]. Mais ce n’est pas vrai. C’est le nom que donnent tous les cochers qui, comme lui, transportent les touristes d’un côté à l’autre de l’étroite péninsule.

“En fait c’est une jument et elle s’appelle Roncha [bouton provoqué par une piqûre d’insecte], mais je dis qu’elle s’appelle Caramelo parce que ça plaît davantage aux touristes”, explique-t-il pendant que nous trottons sur l’Avenida Primera [Première avenue, principale artère de la ville, donc de la presqu’île] presque déserte à 11 heures du matin.

Alexander met le trajet à profit pour me raconter ce qui s’est passé et confier ses craintes

“Ici, tous les commerces sont en MLC [monnaie librement convertible – devises étrangères par cartes prépayées]. Celui qui n’a que des pesos est dans la merde.”

Nous passons devant un magasin qui arbore en vitrine des réfrigérateurs et autres appareils électroménagers. Sur la façade, on peut lire le nom El Encanto, une allusion au grand magasin de La Havane qui a brûlé il y a plus de 60 ans. Il y a aussi un Floridita et un Bodeguita del Medio, comme dans la capitale cubaine, mais pas de clients.

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