Tourisme à Cuba : coup dur pour les croisiéristes de Miami

Tourisme à Cuba : coup dur pour les croisiéristes de Miami

LA HAVANE,  24 mars C’est une première depuis le durcissement des sanctions économiques prises par Donald Trump contre la dictature cubaine, en 2017. Une première qui devrait faire jurisprudence pour de nombreux cas similaires actuellement entre les mains de la justice fédérale de Floride. Une juge de Miami a estimé, lundi 21 mars au soir, que quatre grandes compagnies de bateaux de croisière avaient pratiqué du “tourisme illégal” de 2015 à 2019, entre la Floride et Cuba.

Ces grands croisiéristes, Carnival, Norwegian, Royal Caribbean et MSC Cruises – dont le siège se trouve à Miami pour les trois premiers, à Genève pour le quatrième –, s’exposent désormais à un procès, déjà fixé en mai, ainsi qu’à de fortes amendes.

Les héritiers à l’origine de la plainte

Dans un premier volet, la juge américaine a estimé que “les compagnies ont bénéficié des installations portuaires de La Havane confisquées par Fidel Castro”, écrit le Nuevo Herald, le quotidien hispanophone de la communauté cubaine de Miami. En 1960, un an après la révolution cubaine, le régime avait en effet exproprié sans la moindre indemnisation l’entreprise privée qui exploitait le port, Havana Docks, dont les héritiers sont à l’origine de la plainte.

Depuis la présidence Trump, les anciens propriétaires de biens expropriés par la dictature, ou leurs descendants, ont la possibilité de porter plainte – une mesure prévue par une loi américaine de 1996 renforçant l’embargo contre Cuba, mais qui n’avait jamais été utilisée.

Avec le bref réchauffement entre les deux pays engagé par Barack Obama, les croisiéristes avaient été autorisés à mouiller l’ancre à La Havane mais sous certaines conditions, rappelle le Nuevo Herald, notamment si les voyages étaient “éducatifs et favorisaient les échanges entre personnes (“ people-to-people”).”

Et c’est là le second volet utilisé par la juge fédérale, qui accuse les croisiéristes “d’activités touristiques interdites.” Car, poursuit le quotidien :

Les quatre entreprises ont passé des contrats avec des agences gouvernementales cubaines pour offrir [aux voyageurs] des services touristiques tels que des excursions sur des plages ou des soirées dans des clubs.

Totalement interdit par l’embargo

Toujours selon le journal, entre 2015 et 2019 – les croisières ont ensuite été carrément interdites par Donald Trump – les quatre compagnies, avec leurs voyages à Cuba, “ont touché au moins 1,1 milliard de dollars [1 milliard d’euros) et ont payé 138 millions de dollars à des entités gouvernementales cubaines”.

Un négoce totalement prohibé par l’embargo, qui n’autorise que le commerce de produits alimentaires et de médicaments.

L’un des avocats des plaignants s’est félicité de la décision :

Havana Docks est pleinement satisfait de cette décision judiciaire et attend un jugement pour dommages et intérêts.

Par ailleurs, les quatre compagnies pourraient être soumises à de fortes amendes, pouvant, selon le quotidien de Miami, atteindre 600 millions de dollars (550 millions d’euros) pour chacune.

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