« Syndrome de La Havane » : la piste d’une attaque étrangère écartée

« Syndrome de La Havane » : la piste d’une attaque étrangère écartée

LA HAVANE, 20 Feb. En visite à Moscou fin novembre 2021, le directeur de la CIA, William Burns, avait alerté sur les « conséquences » éventuelles de l’implication de la Russie dans les « incidents de santé anormaux », autrement appelés « syndrome de La Havane ».

Mais à en croire les conclusions préliminaires de l’agence, révélées le 19 janvier par le New York Times, ce mal mystérieux serait dû à des facteurs environnementaux, à des problèmes de santé non diagnostiqués ou au stress, plutôt qu’à une attaque ourdie par une puissance étrangère.

Selon le quotidien américain, la CIA poursuit néanmoins son enquête sur une vingtaine de cas qui demeurent inexpliqués.

Ces « incidents de santé anormaux », comme les appelle le gouvernement américain, ont été constatés à partir de 2016, lorsque des agents de la CIA et des diplomates en service à La Havane ont commencé à signaler des migraines, des nausées et des étourdissements, une expérience sensorielle étrange comme de la chaleur excessive, des bourdonnements dans les oreilles et vertiges persistants.

Depuis, d’autres cas ont été identifiés en Inde, en Colombie, au Vietnam, en Serbie et en Russie, mais aussi en Autriche et en Chine.

En réponse à la déclaration du directeur de la CIA en novembre, le porte-parole du président Poutine, Dmitri Peskov, avait nié toute relation entre son pays et le syndrome.

La sous-directrice des États-Unis au ministère cubain des relations extérieures, Johana Tablada, avait fait de même en accusant les États-Unis de se servir de ce syndrome pour mener une politique anticubaine.

« Les seuls gagnants dans cette histoire sont les membres d’un groupe minoritaire et réactionnaire de politiciens désespérés et prêts à utiliser tous leurs moyens pour essayer d’imposer et de perpétuer la confrontation entre Washington et le peuple cubain », avait-elle affirmé en mai 2021 dans la presse cubaine.

Les mesures adoptées par Washington

Pour mener son enquête et identifier la maladie, la CIA a eu recours à des tests déjà administrés au sein de l’armée de l’air et de la marine américaines pour évaluer la coordination globale et l’équilibre des militaires, ainsi qu’à des examens sur les fonctions cognitives des patients.

À la suite des récentes conclusions, une nouvelle section de tests pourrait être ajoutée à cet outil pour mieux comprendre les causes de stress et de dépression ressentis par les victimes.

En septembre 2021, le Congrès américain avait adopté à l’unanimité la loi Helping American Victims Afflicted by Neurological Attacks (Havana Act), pour garantir un soutien financier aux personnes souffrant de symptômes neurologiques associés au syndrome de La Havane.

La réaction des victimes

Les conclusions provisoires de la CIA laissent de nombreuses victimes insatisfaites, en particulier des employés de l’agence qui luttent contre des maladies chroniques depuis des années sans avoir reçu d’explication claire.

Dans une déclaration, un groupe de victimes a déclaré que les conclusions provisoires de l’agence « ne peuvent et ne doivent pas être le dernier mot sur la question ».

Pourtant, selon des témoignages d’anciens agents américains accordés au New York Times, leurs médecins traitants estiment que les sévères sources de stress auxquels ils étaient soumis pendant leur service auraient induit une certaine paranoïa, qui se serait manifestée par des anomalies de santé telles que des spasmes oculaires ou une sensibilité excessive à la lumière.

La nouvelle piste de la CIA, qui porte sur une cause psychosomatique du syndrome de La Havane, n’apparaît donc pas déraisonnable.

Source