Noël à La Havane
LA HAVANE, 22 Dec. Je me souviens de mon premier Noël à Cuba. Nous avions fabriqué notre arbre de Noël avec du carton que nous avions colorié et placé bien en vue dans notre chambre d’hôtel. C’était un geste symbolique, nous étions un brin nostalgiques, car nous étions loin de chez nous, loin de notre famille au Québec.

PHOTO JACQUES LANCTÔT
Les temps ont bien changé. Si à Cuba, à l’époque, Noël était considéré comme une fête « étrangère », qui n’avait rien à voir avec le climat des tropiques, aujourd’hui, il est de plus en plus fréquent de voir des maisons décorées de guirlandes lumineuses, de bonhommes de neige et de pères Noël gonflables ou en plastique, comme on en trouve ici au Québec. Mais ce sont surtout les restaurants et autres commerces qui affichent leurs couleurs des fêtes et le personnel arbore bien souvent la fameuse tuque de Noël.
Felicidades
Le 25 décembre, qui est maintenant un jour férié, est aussi, comme ici, l’occasion de rencontres et d’agapes entre membres de la famille et voisins. Tout le monde va se souhaiter felicidades et vous n’y échapperez pas. Mais c’est surtout la noche buena du 24 décembre qu’on célèbre. On a, bien souvent, économisé pendant une partie de l’année pour célébrer dignement ce moment, qui n’a rien à voir avec la naissance d’un quelconque rédempteur.

PHOTO JACQUES LANCTÔT Cette petite Cubaine, émerveillée, découvre le père Noël pour la première fois.
Toutes les familles se font un devoir de réserver leur pierna (fesse de cochon), qu’on aura pris soin de faire mariner la veille avant de l’enfourner pendant de longues heures. Si on a de la famille à la campagne, on aura réservé, plusieurs mois à l’avance, cette partie de l’animal porcin tant convoité ou le cochon au complet. Sinon, le boucher du coin fera l’affaire, mais mieux vaut, là aussi, la réserver quelques semaines à l’avance, car il est fort probable que le 24 ou même le 23 décembre, il sera très difficile de mettre la main sur cette précieuse fesse. Una pierna se vend de 20 à 30 CUC, selon le poids. Il est par contre plus difficile de trouver de la dinde (pavo), à moins de connaître un éleveur à la campagne. Mais si on veut respecter les traditions, c’est vraiment le porc qu’il faut cuisiner. Moi, j’apporte toujours dans ma valise un pot de moutarde de Dijon, que je mélange avec de l’ail pilé, du jus de citron vert ou d’orange amère, et j’en badigeonne généreusement la pièce de porc.
Bonheur, amour et santé
On trouvera aussi sur la table du riz morro (haricots noirs), du manioc (yuca) à l’ail, des bananes frites (tostones) et peut-être même des tamales (maïs). À la place de notre bûche de Noël, on savourera du nougat (turron) et du raisin.
Les Cubains achètent également, pour le réveillon (noche buena), du cidre, pour trinquer au bonheur, à l’amour et à la santé. Ne pas oublier la bouteille de rhum, qui fera surtout le bonheur des hommes.
Pour ce qui est des enfants, les cadeaux sont donnés non pas à Noël, mais à la fête des Rois, le 6 janvier, même si cette tradition est de moins en moins respectée.
Felicidades !
(www.journaldemontreal.com)