Leonardo Padura, le « cri » du peuple cubain doit être entendu

Pour l’écrivain Leonardo Padura, le « cri » du peuple cubain doit être entendu

LA HAVANE, 16 Juillet (AFP) Les manifestations historiques survenues à Cuba le 11 juillet sont « un cri qui est aussi le résultat du désespoir

» et doit être entendu par les autorités, estime l’écrivain Leonardo Padura, dans un texte transmis vendredi à l’AFP.

C’est « un cri qui est aussi le résultat du désespoir d’une société qui traverse non seulement une longue crise économique et une crise sanitaire ponctuelle, mais aussi une crise de confiance et une désillusion », écrit le roi du polar cubain et l’un des écrivains contemporains d’Amérique latine les plus publiés.

Excédés par la crise économique, des milliers de Cubains ont manifesté le 11 juillet à travers le pays en clamant « Nous avons faim », « Liberté » et « A bas la dictature ».

L’écrivain de 65 ans, dont les polars servent généralement de prétexte pour raconter la réalité cubaine, vit à La Havane, où les rues ont elles aussi été agitées par ces mobilisations, inédites depuis la révolution de 1959.

« Face à cette demande désespérée, les autorités cubaines ne devraient pas répondre avec les consignes habituelles, répétées depuis des années », mais trouver « les solutions que beaucoup de citoyens espèrent ou réclament ».

S’il souligne l’impact dévastateur de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962 et dénonce une « campagne médiatique » visant à manipuler l’information autour de Cuba, l’auteur note surtout que « les Cubains ont besoin de retrouver l’espoir et d’avoir une image possible de leur avenir ».

Mais « pour convaincre et calmer ces désespérés, la méthode ne peut être celle des solutions de force et d’obscurité, comme imposer une coupure d’internet », estime-t-il. L’internet mobile a été rendu inaccessible sur l’île de dimanche midi à mercredi matin, suscitant les critiques de la communauté internationale.

Et « la réponse de la violence est encore moins un argument convaincant, surtout contre des personnes non violentes », écrit-il au sujet de ces manifestations qui ont fait un mort, des dizaines de blessés et plus d’une centaine de détenus.

« Beaucoup de choses semblent être en jeu », observe-t-il, « y compris si après la tempête revient le calme ».

Mais « il est nécessaire que des solutions arrivent, des réponses qui ne devraient pas être seulement matérielles mais aussi politiques, pour qu’un Cuba inclusif et meilleur puisse s’occuper des raisons de ce cri de désespoir et cette perte d’espoir ».

Après ces manifestations, le gouvernement a annoncé mercredi de premières mesures, notamment pour faciliter l’entrée d’aliments et de médicaments sur l’île, mais beaucoup de Cubains les jugent insuffisantes et réclament aussi des mesures politiques.