Le 23e Festival du Habano, la magie du cigare cubain

Le 23e Festival du Habano, la magie du cigare cubain

LA HAVANE, 5 Mars Je vous ai déjà raconté l’histoire du cigare cubain? Lorsque Christophe Colomb mit le pied en sol cubain en 1492, il observa une curieuse cérémonie chez les Indiens taïnos, qui peuplaient alors la plus grande île des Antilles. Ceux-ci roulaient des feuilles mystérieuses auxquelles ils mettaient le feu avant de respirer la fumée. Ils appelaient ces feuilles cohiba.

Les Espagnols n’avaient jamais vu un tel phénomène. Aussi s’empressèrent-ils de rapporter dans leurs vaisseaux cette mystérieuse plante, pour la propager ensuite partout sur la planète.

Mais, malgré toute la bonne volonté de ces marins, le tabac noir cubain s’avéra inimitable.

Il y a quelques jours avait lieu à La Havane le 23e Festival du Habano (cigare cubain), après deux ans d’absence en raison de la pandémie. Preuve que l’industrie du tabac se porte bien à Cuba, plus de deux mille participants, importateurs, négociants, collectionneurs, connaisseurs et autres amateurs, provenant de 110 pays, s’y étaient donné rendez-vous.
Au programme: visites de fermes dans la région de Vuelta Abajo, dans la province de Pinar del Rio – la principale province où se concentrent les plantations de tabac, lequel est considéré comme le meilleur au monde -, visites d’ateliers de fabrication (Partagas et La Corona), rencontres et échanges commerciaux avec des artisans et autres spécialistes de la précieuse feuille de tabac, galas et banquets, et la traditionnelle mise à l’encan de plusieurs humedores en bois précieux construits par des maîtres artisans et remplis de cigares uniques

Les fonds ainsi recueillis serviront à l’amélioration du système de santé du pays. Par le passé, on a déjà réussi à amasser un million de dollars.

Le 23e Festival du Habano, la magie du cigare cubain

Photo:AFP

Ce festival est aussi l’occasion de promouvoir d’heureux mariages entre des alcools comme le rhum, le whisky, le cognac et le saké et certaines marques de cigares.

D’où l’apparition d’un nouveau métier: le habano-sommelier. D’autres y viennent également pour échanger et collectionner les différentes bagues qui ornent les cigares, un peu comme on le fait avec les timbres.

Les grandes marques comme Partagas, Montecristo et Bolivar en ont profité pour lancer sur le marché de nouveaux produits. L’entreprise mixte avec capitaux cubains et espagnols, connue sous le nom de commerce Habanos S.A., a annoncé un chiffre d’affaires de 545 millions de dollars pour l’année 2022, soit un peu moins qu’en 2021.

Le marché européen (Espagne, France, Allemagne et Suisse) arrive largement en tête avec 54% des ventes, suivi par les pays de la région Asie-Pacifique (la Chine principalement) avec 19%, les Amériques avec 15%, et l’Afrique avec 12%.

L’entreprise mixte est présente dans 160 pays et offre 27 marques prestigieuses de cigares tous faits à la main, dont les marques Cohiba, Montecristo, Romeo y Julieta, Partagas, Hoyo de Monterrey et H. Upmann.

Les dirigeants de l’entreprise affirment que la demande pour ce produit de luxe est en hausse un peu partout dans le monde, et Cuba s’efforce de répondre à cette demande en dépit des difficultés propres à sa situation, alors que Ian, le dernier cyclone, a causé il y a quelques mois à peine de lourdes pertes.

Détruisant près de 80% des installations de la province de Pinar del Rio, et que le blocus économique étatsunien a été resserré sous l’ancienne administration Trump, privant également sa population d’un accès aux fameux puros cubains, dont la réputation n’est plus à faire.

Durant ce festival, on vous apprend, entre autres, quelques recettes et secrets, par exemple comment fabriquer un cigare entièrement à la main et comment choisir les différentes feuilles de tabac qui entrent dans sa fabrication.

Il ne vous restera plus qu’à vous procurer quelques semences et à tenter l’expérience dans votre jardin l’été prochain. Mais il ne faut pas se faire trop d’illusions, car la terre, le climat et l’expérience plus que centenaire des Cubains… ça ne s’apporte pas dans les valises.

Bien sûr, fumer nuit à votre santé, on ne le répétera jamais assez. D’ailleurs, le dirigeant cubain Fidel Castro avait abandonné son habitude de fumer des cigares, plusieurs années avant son décès, pour donner le bon exemple.

Mais j’avoue que, de temps en temps, je me fais plaisir en allumant l’un de ces cigares prestigieux, surtout quand on peut partager ce doux plaisir avec des amis qui s’y connaissent.

Le Festival du Habano, qui existe depuis 1999, revêt également un caractère mondain. De nombreuses personnalités de différents milieux comme ceux de la mode, du cinéma, de la gastronomie, des collectionneurs d’art et du sport s’y donnent rendez-vous afin d’échanger et de fraterniser autour d’une bonne table, d’un bon vin, d’un bon digestif… et d’un bon cigare.

Nouvelle de dernière heure: la vente aux enchères de six « humidores » a rapporté la jolie somme de 11,9 millions de dollars, un chiffre record. Cet argent sera dédié au système de santé publique de Cuba. Bravo!


Source