Joe Biden tente de sauver son sommet des Amériques

Joe Biden tente de sauver son sommet des Amériques

LA HAVANE, 26 Mai Suite à la décision de Washington de ne pas inviter Cuba, le Nicaragua et le Venezuela, plusieurs pays latino-américains, Mexique en tête, menacent de boycotter la réunion.« Si toutes les nations ne sont pas là, ce n’est pas un sommet des Amériques ». A l’instar de Xiomara Castro, la nouvelle présidente du Honduras, plusieurs dirigeants latino-américains menacent de ne pas assister personnellement au neuvième sommet des Amériques prévu du 6 au 10 juin à Los Angeles.

Menée par le Mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO), la fronde trouve sa source dans la décision de l’administration Biden de ne pas inviter les dirigeants des régimes autoritaires de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua, arguant que la réunion est destinée aux seuls pays démocratiques respectueux des droits de l’homme.

Ami des dirigeants cubains, le très progressiste AMLO a été le premier à réclamer que tout le monde soit invité. « Il ne devrait pas y avoir de confrontation.

En dépit de nos différences, nous devons dialoguer entre Américains et résoudre cette question », répète à l’envi le président mexicain qui prévient qu’au cas contraire, il ne se rendrait pas en personne à Los Angeles, se faisant représenter par son ministre des Affaires étrangères.

Les leaders de la Bolivie et du Honduras sont sur la même ligne. D’autres tergiversent comme les dirigeants chiliens et argentins. Longtemps hésitant pour des raisons qui lui sont propres, le président du Brésil Jair Bolsonaro devrait être du voyage aux États-Unis.

Pour éviter l’affront d’être boudée par le dirigeant de la première puissance latino-américaine, l’administration de Joe Biden a multiplié les contacts avec Andrés Manuel Lopez Obrador pour le convaincre de venir. Elle a évoqué l’idée de trouver un moyen d’incorporer « des voix du peuple cubain, vénézuélien et nicaraguayen » au sommet.

Autre geste de bonne volonté, Washington a décidé de lever certaines restrictions à l’égard de Cuba, datant de l’ère Trump, en autorisant la réouverture des vols commerciaux et charters à destination de l’île et en supprimant le plafond de 1 000 dollars des transferts d’argent entre les deux pays. Le géant pétrolier américain Chevron a quant à lui été autorisé de continuer à travailler au Venezuela.

Perte d’influence. Pas de quoi attendrir les dirigeants des pays concernés. Miguel Diaz-Canel, le président de Cuba, a assuré qu’il n’assisterait « en aucun cas » au sommet, même s’il était invité. « On sait depuis le début que cette réunion ne serait pas inclusive (…) en dépit d’une forte demande régionale pour mettre fin aux exclusions ».

« Même si on nous déroule le tapis rouge, nous ne sommes pas intéressés à nous rendre à une conférence sale et vaseuse », a dénoncé le Nicaraguayen Daniel Ortega. Nicolas Maduro, le président du Venezuela, laisse entendre pour sa part que son pays fera entendre sa voix à Los Angeles d’une manière ou d’une autre, évoquant notamment une grande manifestation.

Initié en 1994 par Bill Clinton à Miami pour asseoir son influence sur la région, le sommet des Amériques est une manifestation qui se déroule tous les trois ans avec l’objectif de réunir les 35 pays d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes.

Cuba en a été exclu jusqu’en 2015, lorsque Barack Obama a accepté de siéger en présence de Raul Castro lors de l’édition organisée par le Panama. La Havane était aussi représentée trois ans plus tard à Lima dans une ambiance plus fraîche.
Mike Pence, le vice-président des Etats-Unis, y avait dénoncé le « régime communiste fatigué » de Cuba, refusant d’écouter la réponse du ministre des Affaires étrangères cubain.

Tout cela témoigne de la perte d’influence des États-Unis dans une région où populistes et progressistes se disputent désormais le pouvoir.

Source