Habanos fait un tabac chez les capitalistes

Habanos fait un tabac chez les capitalistes

LA HAVANE, 25 Aout (RFI)  Habanos est donc l’une de ces entreprises. Dans le monde du havane, les spécialistes n’ont pas de doute, Habanos commercialise les meilleurs cigares.

Produit emblématique de la culture cubaine, le tabac est le quatrième secteur qui rapporte le plus à l’économie du pays, essentiel en ces temps de crise.

Et le succès à l’international de Habanos ne cesse de faire des adeptes et de conquérir de nouveaux marchés.

C’est une visite dans une fabrique de cigares un peu différente à laquelle nous avons droit en ces temps de coronavirus qui court encore… « Toute la production de tabac ici est entièrement mécanisée, nous produisons les formats mini, club, short, purito et cristal. »

En effet, les fabriques classiques de cigares faits main sont actuellement inaccessibles, mais même les petits cigares cubains faits à la machine dominent le marché mondial.

Pour les ouvriers de l’usine Internacional Cubana de Tabacos, maintenir le rythme et la qualité reste une priorité malgré des temps difficiles à Cuba en termes sanitaires comme économiques.

Leonardo Socarra est chef d’équipe: « Ça a été une année difficile mais nous devons aller de l’avant et rester concentrés. La production ne s’est jamais arrêtée, le personnel est très attentif, nous prenons toute les précautions et je trouve qu’en cette période difficile, les ouvriers ont pris conscience de l’importance de leur travail et de l’apport qu’ils font à l’économie du pays, c’est ça le plus important. »

L’industrie du tabac à Cuba est l’une des plus rentables pour le pays. Secteur clé en temps normal, avec l’arrêt du tourisme dû à la pandémie l’exportation de cigares est devenue plus qu’essentielle pour l’économie cubaine.

« Nous avons démarré en 2001, cela fait donc 20 ans que nous produisons des cigares faits à la machine. Il y a ici, 324 travailleurs dont 70% sont des femmes, expliquele directeur logistique Abel Basulto. La production de cigares à Cuba a de particulier qu’elle est d’une part dominée par des femmes, et d’autre part 100% entre les mains de l’État. »

De la graine à l’exportation, l’État cubain contrôle tout, sauf un paramètre non négligeable…

« Notre objectif est de fabriquer des cigares et de les commercialiser dans le monde entier, nous en exportons partout sauf aux États-Unis. »

Cuba et ses cigares n’ont en effet pas accès au marché américain du fait du blocus. Mais même sans cette clientèle, les habanos sont leaders du marché mondial, cependant, les sanctions américaines rendent toujours plus difficile leur production, selon Yovana Pereira Roca directrice commerciale de Tabacuba.

« Les restrictions sur le combustible, les sanctions sur les navires de transport commercial, l’impossibilité d’accéder au marché et aux technologies américaines, et la persécution contre nos transactions financières sont les conséquences concrètes du blocus sur notre entreprise. »

Habanos SA, le distributeur exclusif et officiel des différentes marques cubaines de cigares

C’est une entreprise mixte détenue par l’État et un consortium chinois. Habanos enregistre 507 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2020 et 60% des exportations de puros partent vers l’Europe, mais les cigares cubains gagnent du terrain aussi en Chine, devenu le premier pays consommateur.

« Je m’appelle Ziki, c’est mon prénom espagnol, en chinois c’est Wang Zheng et je suis à Cuba depuis 25 ans. » Wang Zheng est le spécialiste chinois des habanos, il a ouvert la première boutique de cigares à Pékin en 2005.

Pour lui, si les cigares cubains ont conquis le marché chinois c’est d’abord parce qu’ils sont les meilleurs du monde, mais pas que… « La croissance de l’économie explique cela, aussi, la connaissance et la culture.

En Chine nous souhaitons toujours plus connaitre le monde et surtout nous voulons profiter de ce qui se fait de meilleur sur cette planète ! En Chine on voit aussi beaucoup de jeunes qui ont beaucoup d’argent, qui sont cultivés et qui aiment les cigares.

Les jeunes chinois qui fument le cigare, en principe, c’est pour se montrer et se mettre en valeur, parce qu’en fumant le cigare ils donnent l’impression d’être fortunés et puissants. »

À l’image de Cuba, un pays fait de paradoxe, l’entreprise Habanos originaire de l’île communiste devient un symbole de prospérité capitaliste.