Cuba mise sur une fin des coupures de courant d’ici la fin de l’année

Cuba mise sur une fin des coupures de courant d'ici la fin de l'année
LA HAVANE, 31 Aout  Le gouvernement cubain veut mettre un terme ou au moins diminuer « d’ici la fin de l’année » les coupures de courant qui frappent et exaspèrent la population chaque jour. L’île a du mal à s’approvisionner en électricité, car fortement dépendante des importations d’énergie dont la hausse des cours mondiaux à augmenté les coûts. Excédés, les habitants manifestent leur mécontentement dans la rue, malgré le risque de condamnation pouvant aller jusqu’à plusieurs années de prison.

C’est une promesse que tous les Cubains espèrent voir se concrétiser. Le président Miguel Diaz-Canel a promis de chercher des fonds pour l’entretien des centrales et de promouvoir les énergies renouvelables, selon la télévision publique. Avec derrière l’espoir que s’arrêtent les coupures intempestives de courant, devenues quotidiennes depuis le mois de mai en raison de difficultés d’approvisionnement électrique.

« Avant la fin de l’année, nous devons (…) sortir du black-out ou le diminuer », a déclaré Miguel Diaz-Canel, qui a visité plusieurs centrales thermo-électriques de l’est de pays, actuellement en cours de réhabilitation.

Selon la compagnie publique, l’Union nationale électrique (UNE), 95% de la production d’énergie à Cuba se fait à partir d’énergies fossiles, en majorité importées. La hausse des cours mondiaux a renchéri le coût de ces importations de 30%.

Parallèlement, sur les 20 centrales électriques du pays, 19 ont plus de 35 ans, a reconnu le gouvernement qui, face aux travaux de maintenance et aux pannes à répétition, a peu de marge de manœuvre.

Une population lassée

Les coupures d’électricité ne sont pas nouvelles à Cuba. Dans les années 1990, pendant la « Période spéciale » qui avait suivi l’effondrement de l’Union soviétique, allié de Cuba, les black-outs pouvaient durer jusqu’à 16 heures.

La différence est, qu’à cette époque, « il n’y avait pas ce rejet politique accumulé, il n’y avait pas ce niveau de lassitude qui existe aujourd’hui », explique le sociologue cubain Rafael Hernandez, dans un article publié par le Centre pour l’Amérique latine et les études latinos, de l’American University de Washington.

« Il n’y a pas actuellement des coupures jusqu’à 16 heures comme en 1993-1994, mais leur impact est bien supérieur, comme on l’a vu le 11 juillet », note le chercheur.

Selon des chiffres officiels datant du mois de juillet, 68% des foyers cubains cuisinent à l’électricité. Or les délestages ont lieu lors des pics de consommation quand les gens préparent à manger. Le président Diaz-Canel avait alors demandé à ses compatriotes de la « compréhension » et des « économies » d’énergie face à une situation qui n’a pas de solution « immédiate ».

Vent de révolte

 

Les coupures de courant récurrentes ont provoqué cet l’été l’exaspération des habitants de l’île, dont certains n’ont pas hésité à sortir dans la rue pour protester. Le 14 juillet, à Los Palacios, une ville de 38.000 habitants de l’ouest de l’île, plusieurs dizaines d’habitants sont sortis dans la rue pour protester contre un black-out, certains en tapant sur des casseroles.

Selon des médias indépendants, des manifestations similaires ont eu lieu le 21 juillet à Jagüey Grande, dans la province de Matanzas (ouest), ainsi que dans les villages de Caibarién et Sagua la Grande, dans la province de Santa Clara (centre).

Ces manifestations de mécontentement sont très rares à Cuba et plus encore depuis les protestations historiques des 11 et 12 juillet 2021 quand des milliers de Cubains sont descendus dans la rue aux cris de « Nous avons faim », « Liberté ». Près de 500 personnes – sur 700 poursuivies – ont déjà été condamnées pour leur participation aux manifestations, parfois jusqu’à 25 ans de prison, selon l’ONG Cubalex basée à Miami.

Ces coupures traduisent en tout cas la terrible crise économique que traverse Cuba depuis les nouvelles sanctions des États-Unis en 2019. Elle s’est aggravée avec la pandémie, qui a durement affecté le secteur du tourisme, puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

La flambée des prix de la nourriture, du carburant et du transport maritime a mis en évidence la dépendance aux importations et les faiblesses du pays, notamment en matière d’infrastructures.

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