Cuba ferme ses frontières aux non-résidants

Miguel Diaz-Canel dit ,la révolution justifie de limiter la liberté d’expression

LA HAVANE, 20 Mars  (AFP) Cuba a annoncé vendredi la fermeture pour un mois de ses frontières aux non-résidents en raison de la pandémie de coronavirus, après avoir tenté jusqu’au dernier moment de préserver son activité touristique, moteur de l’île.

« Nous allons réguler l’entrée aux frontières du pays, en n’autorisant que l’entrée des résidents à Cuba », a annoncé à la télévision le président Miguel Diaz-Canel.

Le dernier bilan officiel fait état de 21 cas dont un décès, celui d’un touriste italien, et 716 cas suspects.

« Nous garantissons le retour à Cuba des Cubains qui sont à l’étranger, le droit des étrangers qui sont ici de rentrer dans leurs pays, et nous maintenons l’activité économique », a-t-il ajouté.

La mesure entrera en vigueur mardi et pour 30 jours, avec la sortie du territoire toujours possible, mais uniquement pour les quelque 60 000 touristes actuellement présents à Cuba, dont plus de 5000 Français.

Selon le premier ministre Manuel Marrero, la quasi-totalité des hôtels et la majorité des restaurants de l’île fermeront, une mesure inédite dans le pays, mais les bateaux et avions de marchandises continueront d’arriver sur l’île, qui importe 80 % de ce qu’elle consomme.

Avec le tourisme comme moteur économique et source cruciale de devises (3,3 milliards de dollars en 2018), Cuba, qui souffre depuis quelques années d’un regain de sanctions américaines à son encontre, refusait jusqu’à présent d’appliquer toute restriction à ses frontières.

Cette politique détonnait par rapport aux pays voisins et suscitait des critiques d’une partie de la population, inquiète dans ce pays dont 20 % des habitants ont plus de 60 ans, où le savon manque souvent et les coupures d’eau sont fréquentes.

« Comme comportement responsable pour nous protéger de la contagion, nous appelons à réduire les interactions sociales », a lancé le chef de l’État. « Les personnes à haut risque doivent rester chez elles, éviter les contacts proches » et « il faut supprimer les saluts effusifs, les baisers et les embrassades ».

Les grands rassemblements sportifs et culturels étaient déjà suspendus depuis quelques jours. Cette fois ce sont les discothèques, parcs thématiques, théâtres et cabarets qui devront fermer.

Dans cette économie d’orientation socialiste, ces mesures vont frapper de plein fouet le secteur privé cubain (13 % de la main-d’œuvre), déjà affecté par les sanctions américaines. Mais les autorités ont annoncé qu’il bénéficierait d’un moratoire sur ses impôts.

Les salariés obligés d’arrêter de travailler en raison de cette crise auront 100 % de leur salaire garanti le premier mois, 60 % ensuite.

En revanche, les écoles resteront ouvertes, une décision défendue par le premier ministre Manuel Marrero : « Où ces enfants seront-ils le plus en sécurité, si ce n’est dans les écoles ? »