«Attaques acoustiques» : «syndrome de la Havane»

«Attaques acoustiques» : «syndrome de la Havane»

LA HAVANE, 13 mai Depuis cinq ans déjà, des espions, des diplomates, des soldats et de nombreux autres membres du gouvernement américain

basés à l’étranger souffrent de mystérieux troubles cérébraux, causés par des « attaques acoustiques ». Initialement chiffré à une soixantaine de cas, ce « syndrome de La Havane » touche désormais plus de 130 personnes, a révélé le New York Times ce mercredi.

Ce curieux « syndrome » tire son nom des premiers cas détectés à Cuba, fin 2016, quand plusieurs employés de l’ambassade américaine ont témoigné souffrir de perte d’audition, de problèmes d’équilibre ou de coordination, de vertiges, de mouvement des yeux, ainsi que d’anxiété, d’irritabilité.

Certaines des victimes ont qualifié ces troubles de « brouillard cognitif ». Des diplomates canadiens en poste à Cuba, ainsi que des diplomates américains basés en Chine, ont témoigné des mêmes maux entre 2016 et 2018, poussant les Etats-Unis à les rapatrier sur leur territoire.

En 2019, des analyses par imagerie médicale, réalisées à la demande du gouvernement américain, ont confirmé l’existence de dommages cérébraux chez ces envoyés à l’étranger. « Leurs cerveaux ont subi quelque chose qui a causé ces changements », avait alors indiqué à Ragini Verma, professeure de radiologie à l’université de Pennsylvanie et spécialiste de l’imagerie médicale.

Des faisceaux de micro-ondes ?

Plusieurs théories avaient alors été avancées pour expliquer le phénomène, comme des faisceaux de micro-ondes, ou des sons émis par des grillons. Dans un rapport publié en décembre, l’Académie nationale des sciences a d’ailleurs relancé la thèse d’une arme fonctionnant à base de micro-ondes, rappelle le New York Times.

De nouveaux épisodes similaires, signalés en Europe et en Asie chez des militaires américains depuis 2019, ont poussé les administrations Trump et Biden à enquêter davantage sur le sujet.

Certains décrivent notamment avoir souffert de troubles cérébraux assimilés à des « phénomènes sensoriels », comme des sons, de la pression ou de la chaleur, ainsi que des nausées, des douleurs à la tête et au cou.

Un militaire américain basé à l’étranger raconte notamment avoir été pris de nausées et de maux de tête en s’arrêtant à un carrefour à bord de son véhicule. Son fils de deux ans s’est alors mis à crier.

Les douleurs ont immédiatement disparu après que l’homme a redémarré sa voiture. La CIA a créé une cellule spéciale chargée d’enquêter sur le sujet, tandis que la Maison Blanche travaille au recensement des incidents, ainsi qu’aux traitements des victimes.

A ce stade, impossible de savoir quel organisme se cache derrière ces mystérieuses attaques. Certains membres du Pentagone, selon le New York Times, pointent du doigt, dans certains cas, les services secrets russes.

Officiellement, les renseignements américains disent n’avoir aucun élément permettant de mettre en cause un pouvoir étranger dans l’affaire.(www.leparisien.fr)